• Part 4

    Je me souviens, j'aimais pas trop la vie.
    J'ai toujours souhaité mourir.
    J'ai jamais eu peur de faire des choses dangereuses,
    Je savais que je mourrais un jour, et que tant qu'à faire
    Autant le choisir ce jour.
    Mais je ne suis jamais morte.

    Et je pensais que le sommeil, c'était l'entrainement à la mort.
    J'allais dormir tôt et je me réveillais tard.
    Avec la déception d'être encore en vie.
    Je jouais avec une lame.
    Je prenais conscience de ce qu'était le sang.
    Je faisais couler ma vie.
    En espérant qu'un jour mon corps se vide de toute cette vie
    Et que je puisse partir.

    Pourquoi?
    Je trouvais la vie inutile.

    Je souffrais de respirer. De me remplir de vie. De sentir la vie en moi.
    Certaines personnes meurent sans avoir rien demandé.
    Moi je vis sans avoir rien demandé.
    Et j'en ai toujours voulu à ma mère de m'avoir mise au monde, et abandonnée à ce point par la suite, finissant par me dire qu'elle regrettait de m'avoir eue.
    Moi aussi, je regrette que tu m'aies eue.
    Tu sais ce que tu aurais du faire à la naissance? Me prendre par une jambe, et m'exploser le crâne contre le radiateur. Je pense que c'est ce que tu aurais pu faire de mieux pour moi, maman. Tout le monde t'en aurais été reconnaissant. Moi la première. Papa. Et tous ces gens qui auraient gagné à ne jamais me connaitre.
    Pouvez-vous connaitre cette sensation d'être de trop dans l'univers?
    Cet univers immense, où tout le monde a sa place?
    Moi, je n'ai pas la mienne. J'ai squatté un petit bout d'univers destiné à quelqu'un d'autre. J'ai pris sa place. Sa vie. Jusqu'à l'air qu'elle devait respirer. C'est sans doute pour ça que j'ai tant de mal à respirer.

    J'ai une amie asthmatique. Qui en souffre. Parce qu'elle aimerait tant faire une tonne de choses dans la vie, mais à cause de ça, elle ne peut pas. Moi, je veux pas faire toutes ces choses. Et je suis pas asthmatique. Une fois, après le cours de sport, je suis venue vers elle. Elle s'insufflait de l'air avec un petit appareil, je crois. Je suis venue, je lui ai demandé de me donner son asthme. Je n'avais pas dix ans.

    J'ai une autre amie qui a un cancer. Qui va mourir dans moins d'un an. Elle s'affaiblit de jour en jour. Je l'ai connue sur un groupe Facebook. Où étaient réunis des personnes qui souffraient et voulaient partir. On créait des liens, ça nous empêchait de partir. Depuis, elle veut vivre. Elle s'en rendu compte de ce que c'était, la vie. J'aurais aimé pouvoir lui dire de me donner son cancer. La vie est mal faite.

    Est-ce que quand j'étais en train de partir, j'ai voulu vivre? Non. Je crois que je souriais. Les ambulanciers n'ont pas du comprendre. Qui peut comprendre ce que c'est mourir pour moi? La délivrance.

    Je ne me souviens pas de ce que j'ai ressenti à ce moment-là.

    Je suppose que je priais pour ne pas m'en réveiller.

    Que je priais pour mourir.

    Que la vie me foute la paix.


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